En règle générale, l’église de Saint Révérien accueille une messe tous les mercredis soirs toute l’année mais il est exceptionnel qu’une messe dominicale y soit célébrée. Le village est situé sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle dit Via Lemovicensis, en provenance de Vézelay et dispose d’un abri du pèlerin. Il est le bourg le plus peuplé du canton de Brinon avec 239 habitants.
En 274 de notre ère, l’évêque d’Auxerre, Reverianus, est assassiné en même temps que douze disciples, sur ordre de l’empereur Aurélien. Reverianus avait reçu pour mission du pape Félix 1er d’évangéliser les Eduens, un peuple installé entre Nevers et Autun. Le massacre aurait eu lieu non loin du bourg gallo-romain de Compierre. Les persécutions ayant cessé grâce à l’édit de Milan (313) promulgué par l’empereur Constantin 1er qui soutient ouvertement les chrétiens, la légende veut qu’un oratoire ait été construit là où les religieux ont été enterrés. On ne sait pas quand des moines viennent s’installer à cet emplacement mais des écrits mentionnent leur présence dès le 9ème siècle. Dépendant d’abord d’Autun puis de Nevers, le prieuré conventuel se place sous l’autorité de l’abbé de Cluny à partir de 1076. La construction de l’église prieurale aurait eu lieu au 12ème siècle. Un incendie nécessite la reconstruction des voûtes au 15ème siècle. En 1723, un nouvel incendie provoque l’effondrement du clocher qui se trouvait alors au dessus du chœur et la destruction de la nef. La restauration aura lieu en 1725-1726 et l’église est alors affectée au service paroissial mais le prieuré subsistera jusqu’à la Révolution. De nouvelles restaurations ont lieu au 19ème siècle avec, notamment, l’ajout d’un clocher-porche en 1838. L’église est classée monument historique dès 1840. Le monument que nous connaissons aujourd’hui est achevé en 1898 avec les sculptures des chapiteaux de la nef qui sont une imitation du style roman.
La statue de Saint Révérien est datée du 16ème siècle. Elle est classée monument historique comme de nombreux autres éléments mobiliers de cette église.
Derrière le chœur, un déambulatoire permettait aux moines de quitter l’église par une porte aujourd’hui murée.
La chapelle axiale est ornée d’une fresque en voûte datant du 17ème siècle. Elle représente l’assomption de la Vierge.
Dans la nef et le chœur, les chapiteaux ne sont pas là pour “raconter” l’histoire religieuse à des personnes qui ne sauraient pas lire. Ici, il s’agit d’émailler la circulation des moines dans l’église prieurale, leur montrant de façon suggestive le bien et le mal. Ainsi, les oiseaux qui se nourrissent traduisent que les bonnes paroles commencent à être écoutées, ce qui veut dire que la spiritualité est en bonne voie. Mais sur un autre chapiteau, deux monstres veulent dévorer un enfant qui symbolise l’âme, montrant aux moines ce qui arrivera à ceux qui ne suivent pas les directives de la bible !
Après cette courte visite de l’église, la messe dominicale commence : le père Loïck entre en procession alors que la chorale et l’assemblée chantent : “Dieu nous a tous appelés”.
Dans son mot d’accueil, il nous fait part de sa joie de nous voir tous rassemblés dans cette magnifique église, chacun comme nous sommes, avec nos qualités mais aussi nos insuffisances. Prions pour les présents, ceux qui n’ont pas pu venir et “ceux qui sont dehors” (référence à la brocante du village qui se tient en même temps).
L’Evangile de ce jour est celui de Jean (6,1-15).
Dans son homélie, le père Loïck s’écrie : “que vais-je faire des restes ?” L’épisode de la multiplication des pains est l’un des rares récits proposés par chacun des quatre évangélistes. Saint Jean insiste : on ne doit rien perdre. La multiplication doit nourrir notre espérance : regardons ce qui reste dans notre réfrigérateur pour composer notre repas. Faisons ce qui est possible pour nous, Dieu fera l’impossible. “Il prit les pains et rendit grâce” : n’oublions pas de rendre grâce : c’est un acte d’espérance missionnaire. A noter enfin que le peuple rassemblé autour de lui veut faire de Jésus son roi et que celui-ci ne le veut pas et part s’isoler seul sur la montagne…
La doxologie est suivie par la communion donnée par le desservant et la sœur Marik.
Le père Loïck s’avance pour décliner, non sans humour, les annonces de la semaine.
La bénédiction puis l’envoi clôturent la messe dominicale. Comme la nourriture qui reste après la multiplication des pains, il doit nous rester assez d’énergie pour aller porter la bonne nouvelle à ceux qui n’ont pas pu assister à cette messe à Saint Révérien.
Avant de se quitter, chacun chante “La paix, oui la paix”.
Terminons cette chronique dominicale avec la présentation de la fontaine sacrée de Saint Révérien, située à quelque distance de l’église. La légende veut que Reverianus fit jaillir une source miraculeuse. Celle-ci a fait l’objet d’un pèlerinage jusqu’au 19ème siècle.
A quelques mètres de la fontaine sacrée, un petit plan d’eau servait autrefois d’abreuvoir et de pédiluve pour les animaux.
Comme chaque année, la paroisse Saint François d’Assises se décentralise aux mois de juillet et d’août, la majorité des messes dominicales ayant lieu dans des églises ou des chapelles dont il s’agit souvent de la seule messe de l’année voire de ces dernières années.
Photos : Bernard Gournay, sauf mention contraire.
Sources : la partie historique de ce reportage a été largement inspirée d’un écrit aimablement fourni par Jan de Beer, historien local. Autres sources : Nièvre Passion, notice Mérimée (MH).
Voir ou revoir le compte-rendu de quelques messes estivales antérieures :
>>> Eté 2020 : https://www.nievre.catholique.fr/articles/2020/09/08/florilege-des-messes-de-lete-decentralisees-dans-la-paroisse-de-saint-francois-dassise/
et
https://www.nievre.catholique.fr/articles/2020/10/22/une-derniere-messe-de-lete-en-automne-chazeuil-pole-de-brinon/
>>> Compilation 2017
Pour les prochaines messes de l’été, reportez-vous au tableau ci-dessous :
Voir les annonces juillet-août de la paroisse https://p-stfa.com/annonces/