Chaque année, les confréries de vignerons fêtent Saint-Vincent autour du 22 janvier.
S’agissant du 70ème anniversaire de leur confrérie, les vignerons de Tannay ont voulu se laisser un peu de temps pour préparer l’évènement, d’où la date du 30 avril alors que la date “normale” de la fête aurait dû être celle du 22 janvier !
Qui était Saint-Vincent ?
Diacre au service de l’église de Saragosse, Vincent fut supplicié et mis à mort à Valence (Espagne) en 304 ou 305 après Jésus-Christ. Son culte s’étendit rapidement à la totalité de l’empire romain. Il est généralement représenté vêtu la dalmatique (chasuble) des diacres, porteur de l’évangéliaire et de la palme des martyrs. Il est entouré de deux ceps de vigne portant des grappes de raisin. Plusieurs hypothèses se sont faites jour pour savoir pourquoi il a été associé au vignoble : la sonorité de son nom (“vin-sang”), la continuité avec les dieux païens du vin (Dionysos en Grèce et Bacchus à Rome), la nécessité de prier pour les vignobles situés au Nord de la Loire qui peuvent subir, plus que dans d’autres régions, les méfaits des aléas climatiques ou même la légende selon laquelle l’âne de Vincent aurait brouté un pieds de vigne qui se serait alors plus développé que les autres, ce qui serait l’origine de la taille de la vigne ?
Les confréries arrivent à l’église, précédées par les tambours.
En effet, cette messe de Saint-Vincent est en même temps la messe du cinquième dimanche d’avril, traditionnellement commune aux quatre pôles de la paroisse Saint-François d’Assises (Brinon, Corbigny, Lormes et Tannay).
Dehors, la clique de Lormes s’en donne à cœur-joie pour inviter les différentes confréries à rejoindre l’église.
La confrérie de Tannay est la première à entrer : le maire de Tannay, Philippe NOLOT, en tête, puis la bannière, la statue de Saint-Vincent et l’instrument de travail.
Les quatre confréries invitées entrent à leur tour :
- confrérie du petit vin blanc de Nogent (Seine et Marne);
- confrérie des suceux d’cannelle (Villiers sur Yonne) ;
- confrérie des quatre coteaux du Vézelien (Vézelay, Asquins, Saint-Père, Tharoiseau) ;
- confrérie des trois ceps du vignoble Auxerrois (Chitry, Saint-Bris, Irancy).
Le calme étant revenu, le père Jean-Marie DIOUF, curé de la paroisse Saint-François d’Assises, entre à son tour.
Photo confrérie de Tannay —>
Aidée par l’organiste, la chorale de Tannay chante “Seigneur, nous arrivons des quatre coins de l’horizon”, un cantique très adapté à la “confluence” des différentes confréries.
Elle est renforcée par le violon de Nathalie COUDRET, épouse du président des vignerons, et, pour un morceau, par leurs enfants, Thimothée au trombone et Camille à la flûte.
Le père Jean-Marie DIOUF accueille avec enthousiasme les participants à cette messe-anniversaire. On remarque que les Saint-Vincent des confréries ont été déposés devant l’autel.
A son tour, Sylvain COUDRET remercie le père DIOUF pour son accueil bienveillant. Les vignerons sont heureux de se retrouver tous ensembles, entre confrères et amis après trois années pendant lesquelles le confinement et les règles sanitaires n’ont pas permis le déroulement de ces belles journées amicales. De plus, 2023 marque le 70ème anniversaire de la confrérie de Saint-Vincent de Tannay, crée en 1952 à l’initiative d’Emile BERTHELOT, architecte. Au départ, il s’agissait de créer une société d’entraide mutuelle, orientée vers l’entraide et le partage, l’amitié et la fraternité. Des valeurs qui sont aussi celles de l’église catholique. La première Saint-Vincent de Tannay eut lieu le 4 avril 1952 : tout juste 70 ans !
Les deux lectures sont confiées à des membres des confréries amies alors que le psaume 22 est chanté par une paroissienne : “Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.”
Le père Michel GUYOT proclame l’Evangile de Jésus-Christ selon Saint-Jean (10, 1-10) dit “du bon berger”.
Dans son homélie, le père DIOUF rappelle que ce quatrième dimanche de Pâques est celui des vocations, qu’il s’agisse d’encourager ceux qui témoignent de leur baptême et transmettent la bonne nouvelle, de prier pour ceux qui sont en chemin pour se consacrer à Dieu (séminaristes, personnes consacrées, diacres, etc…), pour ceux qui sont unis par les liens du mariage ou s’y préparent, les parents et leurs enfants qui œuvrent au sein de “petites églises domestiques”, selon l’expression du Pape François.
“La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux” (Mt 9, 37) : il faut des prêtres mais il faut aussi du vin pour la messe ! Par l’intersession de Saint-Vincent, prions pour que la santé, la miséricorde soit accordée à ces ouvriers et que les récoltes soient fructueuses. Demandons la grâce d’accomplir notre travail avec joie.
Après la prière universelle, la quête est assurée par deux membres de la confrérie de Tannay.
Les deux prêtres chantent la doxologie avant de donner la communion aux fidèles.
Sylvain COUDRET reprend la parole pour remercier les pères Jean-Marie et Michel ainsi que tous ceux qui ont participé à la préparation de cette belle cérémonie. Il invite toute l’assistance à se rendre au parc Lallier en suivant le défilé des confréries pour profiter du verre de l’amitié.
Le père DIOUF lui répond en faisant part de sa joie
de voir l’église de Tannay pour une fois comble !
La messe se termine par une bénédiction solennelle au cours de laquelle les fidèles sont invités à répondre par trois fois “Amen”. Puis c’est un chant de circonstance qui résonne dans la belle collégiale gothique Saint-Léger (13 – 15ème siècles), classée monument historique depuis 1840 :“Un grand champ à moissonner, une vigne à vendanger, Dieu appelle maintenant pour sa récolte…”
Les confréries sortent en bon ordre et se rassemblent pour le défilé…
… pendant que la clique de Lormes donne une aubade sur la place.
Et voici la traditionnelle “photo de famille” sur la pelouse du parc Lallier.
La matinée se termine par le verre de l’amitié : un verre de vin de Tannay accompagné de délicieuses gougères.
Mais la journée n’est pas finie pour les vignerons et leurs amis : un repas de midi, la visite des caves et un autre repas le soir sont programmés. Il ne reste qu’à espérer que la météo soit propice au vignoble pendant l’été et que les vendanges de l’automne soient fructueuses, avant une nouvelle Saint-Vincent à l’hiver prochain.
Texte et photos : Bernard Gournay, sauf mention contraire.
Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_de_Saragosse
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dalmatique