Consacrée le 31 août 1864, l’église Saint-Germain de Mhère a remplacé une église romane du 15ème siècle qui se situait au beau milieu de la place du village et qui était entourée d’un cimetière. Celui-ci fut déplacé dès 1851 car sa présence était sanitairement incompatible avec les nombreuses foires aux bestiaux qui se déroulaient sur cette place.
Il aura fallu en effet sept années et beaucoup de travaux pour que la porte de l’église actuelle puisse à nouveau s’ouvrir pour laisser entrer les fidèles et les donateurs qui ont permis la renaissance de l’édifice qui menaçait ruine, victime du ruissellement de l’eau s’écoulant des toitures endommagées. C’est en effet en mars 2018 qu’ elle avait dû être fermée, y compris pour les obsèques qui devaient se dérouler en l’église Saint-Laurent et Saint-Pierre aux liens de Gacogne.
Rappelons-nous : 2018, c’est l’année de la destruction de l’église Notre Dame d’Asnan (pôle de Tannay) que des malfaçons et un manque d’entretien avaient mené à la ruine. Cette triste nouvelle s’était répandue dans toute la France et partout on entendit dire “plus jamais ça”. Si bien que les élus de Mhère se sont posés les bonnes questions : existe-t-il un péril imminent ? Que peut-on faire pour sauver notre église ? Et bien sur : combien ça coûte ?
Elu en 2020, le nouveau maire, Cyril Trinquet, fait établir une première estimation des travaux. Le devis tombe comme un couperet : 1,2 million d’euros. Inconcevable pour la commune (230 habitants) qui décide de mobiliser toutes les bonnes volontés locales, à commencer par un ancien maçon de 78 ans qui démontre, fil à plomb à la main, que les murs de l’église ne sont pas en train de s’écarter ! Un nouveau devis de 331 400 € est présenté à l’équipe municipale. Grâce à la mobilisation des habitants et des donateurs et à l’obtention de nombreuses aides publiques et privées, la réhabilitation de l’église devient possible. La petite commune de Mhère doit contracter un emprunt à hauteur de 120 000 € et prélever 61 980 € sur ses fonds propres.
Après sept années de fermeture, les Mhéroises et Mhérois retrouvent leur église le samedi 10 mai 2025. Ils sont nombreux, à 15 h 00 à répondre à l’invitation de leur maire, par un bel après-midi de printemps.
L’élu de la commune, Monsieur Cyril Trinquet, ouvre le coffret confectionné par un habitant dans lequel se trouve la clé de l’église.
Il remet alors la clé au père Jean-Marie Diouf, affectataire de cette église en tant que curé de la paroisse Saint-François d’Assises, à laquelle est rattachée l’église de Mhère.
Le père Jean-Marie montre la clé aux fidèles puis ouvre la porte de l’église. Mais le moment n’est pas encore venu d’entrer !
Pour commencer la cérémonie, le père Jean-Marie remercie tous ceux qui ont contribué à la réouverture de cette église : les contributeurs, les donateurs, les bénévoles, les entrepreneurs, etc… Après avoir remercié Monsieur le maire et la municipalité, Ecoutons-le !
Puis le père Jean-Marie commence la célébration religieuse de cette cérémonie par un mot d’accueil au nom de l’Eglise, suivi de la prière ci-dessous :
Seigneur Jésus, tu as voulu que ton peuple soit appelé Eglise, c’est à dire assemblée. Nous sommes aujourd’hui cette assemblée. Donne à ceux qui s’assemblent en ton nom de savoir t’adorer, de savoir t’aimer et te servir dans le prochain. Donne à tous la clarté de ta résurrection, donne la paix dans nos cœurs, donne cette paix dans notre commune, donne cette paix dans nos lieux de vie et de travail, accorde cette paix à notre monde, toi qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen”.
Ecouter l’enregistrement audio de cet accueil
Il invite les personnes rassemblées devant l’église à chanter un cantique tout à fait adapté à la situation :
“Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes”.
Puis il introduit la Lecture de la Parole de Dieu
C’est le père Michel Guyot, prêtre retraité au service de la paroisse, qui fait lecture de l’Evangile du jour, selon Saint-Jean (6, 60-69).
Le père Jean-Marie invite les présents à une prière commune : “Nous sommes des pierres vivantes, prions le Christ pour l’Eglise et son nouveau pasteur, prions pour notre monde en quête de paix”.
Ecoutons les invocations pour lesquelles l’assistance chante : “O Seigneur, en ce jour écoute nos prières“
Puis c’est le moment tant attendu de la bénédiction de l’église : par la bénédiction de l’église, le père Jean-Marie bénit le travail de cette restauration et tous ceux qui y ont participé, ainsi que les fidèles qui vont rentrer dans ce bâtiment restauré. Il ne s’agit pas de la consécration de l’église qui a eu lieu lors de son ouverture au culte en 1864.
Les prêtres suivis des fidèles entrent maintenant dans l’église en chantant “Dieu nous accueille en sa Maison…“
On est frappé par la luminosité des lieux, éclairés par de nombreuses fenêtres et la blancheur des murs.
On imagine le travail des bénévoles pour arriver à un tel résultat !
O surprise, le chant d’entrée, “Dieu nous accueille en sa maison”, est chanté par une jeune femme qui s’accompagne de sa harpe !
La bénédiction finale est précédée d’un cantique à Marie : “Couronnée d’étoiles“
La bénédiction : “Dieu, Seigneur du ciel et de la terre, tu as voulu nous rassembler aujourd’hui pour la réouverture de cette église après travaux, accorde nous, Seigneur, nous qui avons franchi le seuil de ta maison, accorde nous des bénédictions et des grâces. Fais descendre tes grâces sur nos habitations, sur nos communes, sur notre pays. Que ta bénédiction, Seigneur, soit pour chacun de nous signe de ta présence, toi qui es Père, Fils et Esprit pour les siècles des siècles. Amen.”
Le père Jean-Marie prend la lumière au cierge pascal…
… et une procession s’improvise, chaque fidèle se voyant remettre un petit luminion à déposer devant la vierge de Lourdes.
Il y a bien longtemps que l’autel de la Vierge n’avait pas resplendi d’autant de petites lumières !
La séquence sacrée s’achève avec un chant de circonstance : “Halleluyah” de Léonard Cohen, joué au piano et à l’accordéon par deux habitants de la commune et repris par les nombreuses personnes présentes dans l’église.
Ecouter !
Superbe transition entre le sacré qui précède et le profane qui va suivre !
S’ouvre maintenant une séquence profane où Avelline, la chanteuse s’accompagnant à la harpe, enchante le public avec des musiques de variétés et de jazz.
Profitons d’un moment de calme pour découvrir les œuvres intéressantes de cette église. D’abord le vitrail consacré à Saint-Germain, le dédicataire de cette église, puis les curieuses stalles (18ème siècle) dotées de petits sièges destinés, semble-t-il, aux “enfants de choeur”.
La statue de Notre-Dame de Lourdes est présente, comme dans bien des églises de la Nièvre. La chaire est fine et élégante et ne semble pas avoir trop souffert de l’humidité qui a régné pendant des années dans l’église abandonnée à son triste sort…
Les jolis chapiteaux sont, comme l’ensemble de l’église, d’inspiration romane. Ce style dit néo-roman était très en vogue lors de la construction de l’église (1861/64), l’édifice précédent, jugé en mauvais état, ayant été détruit, libérant ainsi un espace qui permettra d’agrandir le champ de foire. Les fonts baptismaux en fonte datent du 19ème siècle.
Il est l’heure maintenant de se retrouver sous un chapiteau dressé par la mairie.

A noter que la nouvelle toiture a été réalisée non pas en ardoises mais en carreaux de verre photovoltaïques qui permettent à l’église de produire l’électricité dont elle a besoin !
Il est maintenant l’heure de lever le verre de l’amitié : “après l’office divin, l’office du vin” comme aime à dire notre curé !
Et pour ceux qui pourront revenir, la première messe sera célébrée le dimanche 29 juin à 11:00,
suivie d’un pique-nique paroissial et d’un temps de louanges.
Texte et photos : Bernard Gournay, sauf mention contraire.
Documents consultés :
- Mhère, un village du Morvan, étude de Claude Grimmer (2007) ;
- le Journal du Centre du 25 mars 2022 ;
- le Journal du Centre du 12 mai 2025.
Mise en page définitive et insertion des passages audios fournis par Bernard Gournay : patrick.marchand@nievre.catholique.fr