Dernière messe de l’été : Authiou (pôle de Brinon), le18 septembre 2022

Quelle bonne idée d’avoir programmé la dernière messe de l’été en l’église d’Authiou et de surcroît pendant les journées européennes du patrimoine ! En effet, l’église d’Authiou revient de loin, avec son chœur inaccessible pendant une vingtaine d’années, consolidé par de lourds échafaudages et son clocher à deux doigts de s’effondrer.

Mais avant d’évoquer ces travaux, quelques mots d’histoire :

Authiou est un petit bourg de 34 habitants dominant la vallée du Beuvron, érigé en paroisse au début du 11ème siècle par Fromond, évêque de Nevers. Le chœur est la partie la plus anciennes de l’église et remonte à l’année 1130 mais l’église a été profondément remaniée et agrandie au cours des siècles, la population du village atteignant 350 habitants vers 1845 ! C’est ainsi que la nef a été allongée; le porche daté du 18ème siècle ayant été démonté et remonté à son emplacement actuel lors de cet agrandissement. Le clocher a été reconstruit en 1895. Il s’élève sur la chapelle de la Vierge (15ème siècle) formant saillie sur le plan rectangulaire de l’église.

 

Les travaux :

Les travaux du 19ème siècle qui avaient comporté la pose d’une couverture en ardoises trop lourdes avaient eu pour conséquence de déstabiliser le chœur : “des désordres importants sont alors apparus, notamment des fissurations verticales dans les envoutements et les murs du chevet. L’arc de la deuxième travée a subi une déformation telle que ce dernier ne fonctionnait plus en poussée et ne pouvait plus se tenir seul” (extrait d’un document rédigé par le maire d’Authiou). D’où cet échafaudage qui a interdit l’accès au chœur pendant une vingtaine d’année et n’a pu être démonté qu’à la fin des travaux mi-2020. Ceux-ci avaient commencé au printemps 2019, les nombreuses aides publiques et privées ayant permis de boucler le budget de travaux de 300 000 € TTC, chœur et clocher compris.

photo Pierre de Becque, maire d’Authiou

Afin de mettre fin à ces désordres, l’abside en cul-de-four a été ceinturée par un chaînage en béton armé, évidemment invisible, et sa couverture a été refaite en tuiles canal, un matériau assez souvent utilisé dans les églises romanes. Les travaux ont d’ailleurs permis de retrouver des vestiges de ces tuiles, attestant de leur utilisation avant les travaux du 19ème siècle.

Les modillons ont été restaurés ou changés, selon leur état. Ceux qui étaient cachés par le toit de la sacristie ont été rendus visibles en abaissant ledit toit.  Les baies du chœur ont retrouvé leur hauteur initiale et ont été équipés de vitraux neufs, bien protégés contre le vandalisme par une grille extérieure cerclée de cuivre.

Le massif clocher, doté de puissants contreforts et flanqué d’une tour d’escalier, a été complètement restauré. Ouvert à tous les vents, il  était devenu au fil du temps le domaine des pigeons et des rats qui y avaient creusé tout un réseau de galeries qui auraient pu conduire à son effondrement, les maçons ayant découvert qu’il était percé de toutes parts de dangereuses cavités et rongé par l’humidité !

L’église actuelle : 

Pénétrons maintenant à l’intérieur de l’église, placée sous le vocable de Saint Sulpice, dit “le débonnaire”. Après dix-sept années passées à la cathédrale de Bourges, cet évêque abandonne à un coadjuteur la direction du diocèse, ne conservant que le soin des pauvres.

L’église est inscrite monument historique par arrêté du 19 novembre 2021 qui remplace un arrêté du 1er septembre 1995 qui  protégeait le chœur, la chapelle nord et le clocher.

Messe dominicale du 18 septembre 2022 :

Le père Jean-Marie Diouf, curé de la paroisse Saint François d’Assise, accueille les fidèles venus nombreux pour cette célébration, la première dans cette église depuis bien des années : “nous sommes tous venus avec nos intentions de prières“.

C’est notre centenaire, Rose, qui fait la première lecture. Un moment émouvant pour tous les présents !

Le père Jean-Marie proclame l’Evangile puis prononce l’homélie. Etonnants propos de Jésus-Christ qui fait l’éloge d’un gérant malhonnête mais astucieux ! Nous aussi, nous sommes vigilants, nous ne nous éloignons pas de Dieu, nous devons profiter de notre richesse, de notre savoir afin d’ouvrir notre cœur à la réalité de notre monde. L’autorité est un service : se mettre à disposition de l’autre permet de le faire grandir et de grandir soi-même en même temps.

La Liturgie Eucharistique s’achève avec la doxologie.

A la communion, l’assistance chante “Partageons le pain du Seigneur, à la table de l’univers, c’est le don sans retour de l’amour de notre Dieu“.

Conclusion et remerciements :

La messe se termine. Pierre de Becque, maire de la commune, apporte un panier de brioches que le père Jean-Marie s’empresse de bénir. Il en profite pour dresser un petit bilan de ces messes de l’été qui lui ont permis de découvrir de nombreuses petites églises et chapelles et de pratiquer une sorte de “tourisme religieux”, alors-même qu’il n’a pas pris de vacances cet été !

Qu’il soit remercié d’avoir poursuivi cette pratique de notre paroisse qui, nous aussi, nous invite à découvrir des lieux de culte mais aussi des villages que nous ne connaissions pas. Voir ou revoir toutes les messes de l’été 2022.

Après la bénédiction et l’envoi du père Jean-Marie, nous chantons “Peuple de Dieu, marche joyeux” Cette vue nous permet d’admirer la nef et le chœur, magnifiquement restauré et débarrassé de ses échafaudages. A l’avenir, le maire d’Authiou aimerait bien restaurer aussi la nef. Souhaitons-lui de réunir les fonds nécessaires dans les années à venir.

En sortant de l’église, nous pouvons jeter un regard sur les fonts baptismaux du 17ème siècle (1608) : un ancien bénitier dont la cuve porte une inscription en relief : “A moins de naître à nouveau, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux“. (Jn. 3,5)

Le porche du 18ème siècle est orné d’une tête d’ange à la clé. Un joli vitrail en grisaille surplombe le portail. Il est amusant de noter que ce porche a été démonté et remonté à sa place actuelle lors de l’agrandissement de la nef, au 19ème siècle.

Remerciements à Pierre de Becque, maire d’Authiou, pour les informations et la documentation fournie.

Sources :
https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/authiou-eglise-saint-sulpice/
https://www.web-croqueur.fr/

Texte et photos : Bernard Gournay, sauf mention contraire.